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La preuve ontologique exige qu'on parte de l'existence d'une seule chose et que, de cette chose, on s'élève jusqu'à l'être suprême, suprême du point de vue l'essentialité, suivant le principe que ce qui existe doit être contenu dans autre chose, et cette autre chose contenue à son tour, et ainsi de suite, jusqu'à atteindre l'optimum.
On a pu croire annuler de nombreuses fois la portée de cette preuve; le simple fait qu'elle ne se fonde que sur l'existence d'une chose, que l'existence d'une chose prouve alors l'existence de Dieu, laquelle ne fait prouver que l'existence des choses, suffit à me faire penser que la preuve est valide, à condition cependant de n'y voir que la preuve d'une équivalence entre « une seule chose » d'un côté, et « Dieu » de l'autre.
Un chercheur d'outre-monde interrogeait le Grand Silence. Contre toute attente, ce Dernier lui répondit. « Ma vérité, c'est-à-dire mon existence, serait une intuition qui se dérobe à la logique formelle, parce qu'elle réside non pas dans la logique, mais dans sa condition. Penser, c'est accorder une chose, et accorder une chose, c'est m'accorder. »
Les siècles passèrent comme des minutes, et plus jamais on ne l'entendit. Mais son écho se répétait vaillamment au cours des ères. Toi qui crois comprendre l'origine des êtres, songe à ceci : « Accorder une chose, c'est l'accorder. » Qui a dit cela ? Une chose ! Et de même que le dire présupposait une chose, de même cette chose présupposait le dire.
Cependant la preuve est insatisfaisante par un côté, c'est par l'une de ses prémisses. Nous partons de l'idée qu'il est bien « une chose ». Or, qu'est-ce qu'une chose ? Pour dire qu'il y a bien en quelque sorte « une chose », nous devons extraire ladite chose du continuum de l'univers. Nous devons faire comme s'il y avait des pointillés autour des choses, mais la Nature ne contient rien de tel.
Aussi, en partant de l'idée séparatrice qu'on peut poser des pointillés autour des choses, nous extrayons une chose, puis, de cette unique chose extraite, nous déduisons Dieu. Sans contredit. Et Dieu une fois extrait, nous retrouvons les choses. Mais qu'en serait-il si nous ne nous autorisions pas à extraire des choses du continuum du monde ?
Pour celui qui ferait preuve d'une telle conscience (ou peut-être, absence de conscience), les choses n'existeraient pas et il me semble que Dieu n'existerait pas plus. Il semble donc que Dieu ne soit que le nom que nous donnons à notre capacité de séparer des êtres dans le flot du vécu, séparer de l'ici et du là, du vrai et du faux, de l'avant et de l'après, du bon et du mauvais, du bien et du mal.