Quai numéro trois, un train est parti
Quai numéro trois, un train est parti
Toi tu cours, tu t’agites et tu cries
Ta peine est sans commune mesure :
Tous les départs sont des déchirures…
Je t’ perds, j’ te perds, le paysage défile
Garder un visage, c’est difficile,
J’ m’en veux, j’ m’en veux, mais j’ pars quand même
Parfois partir, ça veut dire : « je t’aime »
Ce train s’en va parcourant la plaine
De clocher en clocher il m’entraîne
Parmi des survivants anonymes
J’apprends à faire semblant et je mime
L’indifférence des aventuriers
Qui voudraient oublier le passé,
Joindre le temps d’un week-end sans boulot,
Les banlieues lointaines au bord de l’eau…
Ce train musarde derrière les lunettes
D’un vieillard avenant qui s’entête
A inventer des allers et retours
Pour des voyages au souffle court.
Sur ses genoux, saute un gamin,
C’est vrai, il me ressemblerait bien…
Où qu’on aille, on doit se souvenir
La mémoire souffre du repentir…
Quai numéro trois un train est parti
C’était sûrement dans une autre vie
Dans les années trente neuf quarante
Il fumait en attaquant la pente
Ce train, c’était celui de grand –père :
Il le conduisait en ces jours de guerre
Dans l’azur volaient des alouettes
Quand une balle lui fracassa la tête…
Pierre WATTEBLED – le 18 juillet 2007