Superman a vendu ses collants aux enchères
Mais il s’est fait racketter car le monde tourne à l’envers
Ses pouvoirs l’ont quittés sous ce réverbère
Et son esprit est resté éclairé d’une étrange lumière
Il s’est rendu compte qu’il ne pouvait rien faire
Rien faire pour empêcher ces bombes nucléaires
Rien faire pour sortir les pauvres de leurs situations précaires
Rien faire pour étouffer l’affaire
Les journaux l’ont présenté comme un dégonflé
Gonflé à bloc il a voulu se venger contre ces atrocités
Lui qui pourtant criait justice pour ces atroces cités
Désormais face aux enfants du vice il montre un visage d’inhumanité
Dans sa routine quotidienne il cherche à s’échapper
Mais les murs sont tagués d’insultes et de barbelés
Sur son échafaud il échafaude un plan chargé d’espoir
Mais sa cellule n’est pas chaleureuse du coup il se met à boire
Il vit de débauche et de drogues chaque soir
Il voit la délivrance dans une intraveineuse notoire
Mais abandonne vite et revient au joint roulé dans un buvard
Il devient vite bavard mais commence à avoir l’allure d’un clochard
Le son des cloches le transperce, lui et sa conscience constipée
Il oublie ses propres paroles et s’enferme dans des joutes verbales stéréotypées
Rouillé jusqu’au tétanos, il courbe l’échine et rase les murs
Pour le réconforter, la solitude à ses côtés lui conte milles blessures
Il se fait une raison mais commence à tout prendre en dérision
Du statut de clébard il est passé à celui de crevard
Donner ne lui parait plus possible donc il s’attend uniquement à recevoir
Les murs de béton s’agrandissent autour de lui mais il reste un blédard
Il n’a plus un sou en poche mais veut toujours rouler en Porsche
Il s’approche d’autrui mais des hurlements l’écorchent
Un chien méchant garde l’entrée de leurs portes cochères
Il se met lui aussi à aboyer pour être accepté dans ce nouvel univers
La réalité le rattrape et lui colle des bastos sous son gilet pare-balles
Il se relève en serrant les dents pour ne pas montrer le sang qu’il trimballe
Mais son masque d’indifférence se met à se fissurer
La piqûre est d’un ordre mentale aussi devient-il arrogant et zélé
Il fait profil bas les jours où l’insomnie réveille sa paranoïa
Le changement est soudain et le sourire revient dans ses ébats
Cependant il ne comprend toujours pas ce qu’il fait ici-bas
Il n’arrive jamais à décrypter de sa propre initiative tous ces débats.
Il est prêt à se couper la langue pour arrêter ces passages à tabac.
Il pourrait renoncer, tout plaquer et signer son trépas
La solution la plus facile serait de se jeter sur les rails
Mais loin de lui cette pensée, car dans ce cas le train déraille
Il retourne sa langue et l’observe cherchant la faille
Mais le mutisme est fulgurant et le sort le renvoie sur la paille
Des visions se multiplient et son père apparaît comme un boxeur
L’ordonnant de se battre pour voir un monde meilleur
Parkinson aux oubliettes son père semble solide comme un roc
Mais l’homme ne sait rien, n’y connaît rien alors il nie tout en bloc
Dans ses rêves son père le reconnaît et du coup il retrouve cette lucidité
Mais elle est fragile car des fois il arrive à différencier les rêves de la réalité
Il continue d’avancer, laissant à la concierge les clés de son passé
Il n’a plus honte de rien à part de ses pertes de mémoire momentanées
Il se dit que c’est normal, qu’il en faut plus pour Dieu pour mériter son respect
Il aimerait s’excuser mais s’obstine à penser que le sens de la famille est inné
Il n’a que ses rêves pour le sauver mais commence à les oublier
Du coup il dessine chaque chose sur un petit bout de papier
Le stylo est devenu son épée et la feuille l’instrument de son concert
C’est donc entre des murs silencieux qu’il se déclare la guerre
Les tranchées sont nombreuses mais pas autant que les fusils
Les lances flammes font des ravages et brûlent sa modestie
Les balles fusent à ses oreilles au moment où sonne le réveil
Il l’écrase d’un coup de batte de baseball qui n’a pas son pareil
C’est là que le temps le rattrape et fait de lui un soldat de la médiocrité
Il brandit son âme et cherche à fusiller mentalement chaque entité
Peu importe qui se dresse en face de lui
Peu importe le passé qui ressurgit
Cette femme est morte et ce n’était pas sa destinée, juste une injustice de plus
La vie aime les bagnoles et la vitesse, pas les trajets en bus
Les gens aiment être bourrés au volant et cartonner la vie
La vérité c’est qu’elle a crevé le visage écrasé dans la nuit
Le monde tourne trop vite pour lui, c’est ce qu’il se dit derrière sa baie vitrée
Le monde tourne à l’envers, c’est ce qu’il se dit en mangeant au KFC.
La viande est avariée entre les deux tranches de pains périmés
Les frites trop grasses agressent ses doigts où la corne a proliférée
Il a envie de vomir devant cette mayo en tube
Mais il boit allègrement son Coca comme un succube.
Dégueuler son déjeuner ne lui permettra pas de tenir toute la journée
Donc il n’ira pas se plaindre au cuisinier, mais juste changer d’habitude pour voir plus loin que le bout de son nez.