J'en apprends de belles sur les humains, figurez vous que devant les fautes d'orthographe et de grammaire des salariés, recruteurs et employeurs écœurés hésitent entre le fatalisme désabusé et les cours de soutien !
Initiative répondant à cette problématique, l'École centrale d'électronique (ECE) organise aujourd'hui 15 mars 2007 un concours de dictée.
Cette grande école parisienne reçoit exceptionnellement 375 étudiants issus de 48 écoles d'ingénieurs, dont une vingtaine de Polytechnique, mais aussi des Mines de Paris ou encore de l'École centrale pour plancher pendant vingt-cinq minutes sur une dictée.
Pourquoi ce déploiement d'énergie auprès d'étudiants scientifiques adeptes des sciences fortes ?
Tout simplement parce que l'orthographe devient un casse-tête pour les jeunes diplômés.
À l'ECE, on refuse de baisser les bras.
Au contraire. Ici, le niveau en français est une condition d'entrée à l'école : le concours d'entrée après le bac comprend une épreuve éliminatoire d'expression écrite.
Dans cette école, entre 6 % et 8 % des candidats sont éliminés en raison de cette épreuve. Et ce ne sont pas les moins brillants.
L'école a cité le cas d'une candidate qui avait eu 14 de moyenne au bac S et 13 à l'épreuve de français et qui a été éliminée après avoir obtenu 4,5 sur 20 à l'épreuve de dictée.
D'ailleurs, dans cette école, au cours de la première année, les étudiants font une dictée par semaine !
On constate que la baisse du niveau dans cette discipline dépasse désormais largement le cadre de l'école, l'université, les grandes écoles mais aussi les entreprises sont concernées.
Dans ces dernières, le constat est parfois affligeant : courriels regorgeant de fautes d'orthographe vont de pair avec des rapports émaillés de fautes et incompréhensibles tant ils sont mal rédigés.
Le directeur d'un cabinet de recrutement indiquait avoir reçu une lettre de candidature d'une jeune femme diplômée d'une école de commerce, avec une expérience de trois ans en cabinet d'audit et qui contenait une faute par ligne ! »
« Les lettres de motivations et les courriers électroniques truffés de fautes d'orthographe ne sont pas rares ! », constate-t-il. Et pourtant, ce n'est pas rédhibitoire... « En réalité, on peut dire que lorsqu'une une lettre n'a pas une seule faute et qu'elle est bien rédigée, le candidat marque des points », remarque-t-il.
Les recruteurs sont lucides "Si on cherchait des candidats qui ne font aucune faute, on ne couvrirait pas nos besoins de recrutement ! " souligne-t-on cyniquement chez LCL (ex-Crédit lyonnais).
En revanche, un test écrit à l'embauche permet de mesurer l'aptitude à s'exprimer. »
Certains se refusent à capituler. À la SNCF, une association de cheminots traque les fautes et les anglicismes dans les plaquettes et les différents documents qui circulent dans l'entreprise.
« Une dizaine de correspondants me remontent les erreurs et je les signale régulièrement aux dirigeants des différentes branches de l'entreprise », explique Raymond Besson, retraité et président du cercle littéraire des écrivains cheminots.
Cette association propose des ateliers d'écriture et des dictées.
Dans certaines entreprises, des salariés se voient même proposer des cours de remise à niveau en orthographe.
Le Centre national d'enseignement à distance (Cned) note depuis un an une forte hausse des demandes de telles formations.
Des entreprises comme Bouygues Télécom, la SNCF et certaines banques proposent à leurs salariés la possibilité de suivre des cours de français.
Auparavant, les secrétaires tapaient les lettres. Maintenant que les cadres et les patrons doivent répondre rapidement à des courriels ils n'ont plus de paravent pour cacher leurs carences.
Pour certaines entreprises plus fatalistes les fautes d'orthographe sont entrées dans les mœurs et comme les réclamations des clients sont également émaillées d'erreurs il leur parait difficile d'être trop exigeants.
Reste qu'une mauvaise orthographe peut constituer un handicap dans une carrière.
Certes, on ne licencie pas pour cause de fautes de français, mais un salarié peut être déstabilisé si l'on pointe ses erreurs récurrentes.
Faisons en sorte de rédiger correctement nos messages et Dieu nous en saura gré.
saintpierremeister