Ce matin, je regardais les derniers moments d’un frelon, qui s’était introduit dans mon atelier et ne pouvant trouver la sortie, mourrait d’épuisement. Mais incapable de mouvoir ses ailes, il continuait tout de même à ramper sur le sol, efforts dérisoires, dernières manifestations de cette fameuse volonté de vivre si bien dénoncée par Schopenhauer. Encore, quand il s’agit d’un insecte, il est peut probable qu’il soit consicent de sa fin proche, mais quand il s’agit d’un vieil homme, courbé, vacillant, baveux, ridé, haletant, à la respiration sifflante, et qui malgré tout s’accroche à la vie, c’est pitoyable quelle tristesse. Heureusement, certains hommes, se voyant déchoir choisissent de mettre fin à leur vie ( Hemmingway, Emile Ajar, Kœstler ( Je crois) ). Ce sont eux les grands hommes, et qui sauvent l’honneur de l’humanité. Mais ils sont bien rares, et moi-même je me sais trop lâche pour le faire un jour.
Quand je regarde l’homme comme si je n’appartenais pas à son espèce, je vois d’abord les yeux, puis la bouche et la bouche, c’est terrible, gouffre ouvert sur le néant, bardé de dents qui font joli quand elles sont blanches et régulières mais dont je sais bien qu’elles sont là pour retenir, déchirer et broyer des proies.
Quand je pense qu’aux USA un homme un jour, a proposé “ pour faire moderne”, d’utiliser l’électricité pour tuer les condamnés à mort ! Et le pire, c’est qu’il s’est trouvé une majorité d’imbéciles pour le suivre !!!! De pauvres bêtes ont du sans doute faire les frais d’une expérimentation préalable.
Quand je vois les femmes étaler leurs cuisses et leurs seins sous prétexte d’être à l’aise sans plus, elles me font rigoler. Inconsicemment, elles ne font qu’obéïr à la volonté de vivre, pour exciter les mâles, se faire féconder et multiplier le nombre des êtres vivants. L’homme, animal dénaturé ( “Les animaux dénaturés”, Vercors ), a bien sûr détourné ces motivations profondes pour faire de la copulation uniquement un plaisir. Mais, à l’origine, je le répète, il y a la fameuse volonté de vivre.
Quand je vois que pour vivre, la nature a inventé des crocs, des griffes, des dards, des mandibules, les formes les plus variées, les stratagèmes les plus cruels ( œufs pondus dans un être vivant pour que les larves disposent de chair fraîche à leur naissance).
D’aucuns louent la splendeur du monde, j’appelle ça la beauté du diable.
Certes, il y a aussi de la douceur, de la joie, de l’amour, de la solidarité, de l’abnégation, de la musique, des oeuvres d’art, et on peut donc considérer que la vie est belle et la volonté de vivre la bienvenue
Mais la cruauté et la souffrance ne l’emportent-elles pas de loin sur la douceur et la joie?
D’ailleurs, la joie, la douceur et l’amour seraient -ils majoritaires dans l’univers, je n’en affirme pas moins que, n’y eusse-t-il qu’un seul enfant, dans tout l’univers, un seul, qu’on arrache à sa mère, la détresse de l’enfant et le désespoir de la mère le disqualifient.
Mais ce n’est que mon jugement, et comme me l’écrivait un ami, “Arrête de juger, arrête de penser, mets fin à ta colère. Que d’orgueil! Accepte, aime, et tu recevras le meilleur de la vie”. Cela m’est actuellement très, très difficile. Mon cerveau tourne comme un moteur de formule 1 et je ne peux m’empêcher de juger.
Soit, acceptons! Mais je vous préviens, si vous accepter vous devenez complice non seulement de la splendeur du monde, mais aussi de ses horreurs. C’est exactement comme une agence de voyage qui vous proposerait un séjour paradisiaque gratuitement mais qui, pour vous assurer ce séjour devrait, en coulisse et en arrière boutique se livrer à des actes horribles, par exemple tuer des humains pour vous fournir des mets délicieux.
A vous de décider, “ Tu veux ou tu veux pas?” comme dit la chanson.